Jean-Paul Amuri Lwesso

Abraham le père des jeunes immigrés en RDC

L’immigration constitue un phénomène préoccupant pour la jeunesse en RDC. On trouve des jeunes qui ne jurent que par l’Europe. Pour certains aucun prix n’est assez élevé pour être payé afin de franchir les portes de ce vieux continent. Et cela pour diverses raisons, surtout économiques. La plupart des fois ces jeunes tentent cette aventure même au risque de perdre leur vie! Devant un horizon fermé, le désespoir face à la réalité du pays, chômage et guerres incessantes, les jeunes finissent par décider de payer tout pour se retrouver hors du pays. Certains l’ont essayé avec succès, les autres tombent entre les mains des arnaqueurs et une autre catégorie nourrit cette vision en attendant qu’une occasion favorable se présente.

Nous sommes sur les traces d’Abraham, me dira un ami qui ne rêvait que vivre hors de la RDC. Il poursuivait en disant : Dieu avait donné à Abraham un ordre en disant « quitte ta famille, ta patrie et ton peuple et va dans le pays que je t’indiquerai. c’est là que je te bénirai ». Voilà une base pour certains jeunes qui jugent que l’immigration est la voie de leur salut ! Cette illusion s’alimente du jour au jour. Par des films qui ne montrent que les bons côtés de certaines parties du monde, les photos et lettres alléchantes de ceux qui ont pu y arriver, et pourtant ils disent rarement leurs occupations quotidiennes. Au comble du désespoir, des milliers des jeunes décident de quitter le pays, la RDC, pour un autre pays où Dieu les bénira, comme Abraham. Car la RDC a tout pour se développer mais ne se développe pas. Une malédiction peut-être plane sur ce beau pays !

Je me demande enfin comment nous, Africains et Congolais en particulier, sauverons nos pays victimes de plusieurs maux ! On a beau fui certaines réalités, mais à la longue cela n’a rien changé ! Nous continuons à vivoter, à subir les humiliations , le mépris et viols dans certains pays qui nous accueillent. Un ami qui a pu réussir son immigration en RSA après plusieurs escales et pauses en Tanzanie, en Mozambique et au Malawi nous avouait son triste vécu. Il nous dira qu’un autre immigré avait été dévoré par un lion dans la forêt en Mozambique. Ensuite il avoua en disant « mes frères ce lieu est un véritable Sodome et Gomorrhe ! » Un autre me dira par la suite « ne vient surtout pas car tu risques d’y jeter ta Bible et de pisser dessus ! » Oui, nous sommes sur les pas du patriarche Abraham à la recherche de Canaan (Un endroit où nous vivrons mieux qu’en RDC), même au risque d’échouer à Sodome et Gomorrhe (un endroit d’acculturation dégradante).


La fécondité et son coût en Afrique noire

Les enfants constituent une richesse ou encore une mine d’or dans certaines sociétés Africaines. Il faut donc en avoir beaucoup pour maximiser le profit. Cependant ce qui gène dans cette situation c’est de constater que souvent c’est la mère qui doit porter seule ses enfants, se charge de tous les soins de ses petits,  jusqu’à un âge où le père jugera convenable de les porter aussi pour sa fierté. Issu moi-même d’une famille de huit enfants, j’ai vécu personnellement les conséquences liées a cette non maitrise de la fécondité. Le manque de suivis dans l’éducation et peu d’encadrement familial sont souvent inévitables ; et  surtout le manque de besoins nécessaires de la vie. Bien que ce dernier  élément  dépend de la famille où l’on se trouve, mais en général : plus la famille est grande, moins la vie est bonne.

Ce matin de Samedi, je me promène dans mon quartier pour une simple balade. Soudain c’est une femme qui se présente devant moi. Deux enfants sur elle,  presque tous de même âge. L’un sur le dos, l’autre sur les épaules. En plus de cela  un bidon de 5l dans sa main. C’est la vie. Peut-être qu’elle ne s’est  jamais posé la question de savoir si c’est à elle seule qu’appartienne ces gausses…c’est ça l’Afrique ! Mon oncle me disait : « Jamais une vache ne se fatigue de ses cornes .c’est la même chose ajoutait-il pour une femme et ses  petits enfants »! Voyez-vous comment ça marche chez nous ? Et mon professeur se faisait moquer  par les passants parce qu’il aidait sa femme à porter son bébé, à l’aide d’un porte-bébé,  dans les rues de Bujumbura.

Je dois avouer que dans notre société l’homme a fait passer  tous les droits vers lui et tous les devoirs vers la femme. Et cela constituent  une vraie barrière au développement de toute la société. Certains proverbes  Africains peuvent bien justifier cette hypothèse. « Le vieil homme est une aiguille qui coud le gens ;la vielle femme est un canif qui les divise » (Bambara), « Si on aide une femme à cultiver son champ elle saura dire le moment venu que le grenier est à elle » (mossi), «  Celui qui a suivi le plan d’une femme se noiera »,(peul). Oui,  chez nous c’est la femme qui porte le fardeau de son fils ; elle vit sous le poids de la tradition. Si l’enfant commet une bêtise c’est sa mère qui sera injuriée et si l’enfant  fait un exploit : Rendez gloire à son père !


Naomi de Yaoundé sur le chemin de son destin

Elle est  corpulente, Cheveux en cascade sous une peau noire. Elle mâchonne sans relâche, boit ce qu’on lui offre et danse avec  qui en a envie.Un sourire flatteur aux lèvres, un grand courage pour approcher les gens. Elle se présente  courageusement devant les hommes, ses proies. On dirait qu’elle fait la chasse ! Pour vivre ou tout simplement satisfaire le désir de ses clients. Peut-être elle veut faire de cela un travail où elle fera carrière ou encore cela est un destin qui s’acharne sur elle et sans qu’elle puisse l’échapper.

D’une façon inattendue, la voici devant moi. Des grandes mains se posent sur mon épaule, comme des branches d’arbre qui s’abattent  sur une voiture. Ses lèvres épaisses s’ouvrent pour me répéter les seuls mots qu’elle sait toujours dire. C’est elle qui fait les premiers pas. Elle passe et repasse. Espérant pouvoir trouver un client . De mon côté les mots manquent. Je cherche, pense et songe. Je finis tout de même à lui demander son nom. Un nom qu’elle prononce sans hésitation, laissant voir sa langue rose et toute l’épaisseur de ses lèvres. Elle s’appelle Naomi. Probablement un faux nom, mais cela importe peu dans ce milieu nocturne où Chacun porte un masque. On n’est pas forcément la même personne le lendemain.

Je retiens son nom en essayant de penser à la personne qu’elle cache. Une fille avec une histoire. originale et propre à elle-seule. Je pense à son double ou sa vraie personne. Celle qu’elle cache derrière cette douceur d’empreint. On peut avec raison se demander quel est souvent l’état de son âme tous les soirs dans le noir. Est-elle fière de ce qu’elle est, de ce qu’elle est dans la société: une prostituée. Je suis désolé de n’avoir pas été un client dont elle avait besoin. J’ai peut-être aussi été rattrapé par mon destin. Je vis selon des principes contraires aux siens. A la fin de la soirée, je rentre tard à mon hôtel, mais pense encore à son grand corps avec cette allure d’épervier. Destin ou choix personnel…, là est encore ma question. Et j’avoue être loin de la réponse. Cependant, je reste encore convaincu que chacun est en grande partie responsable de ses choix et de la vie qu’elle mène. Je dois donc choisir d’être maître de mon destin, me dis-je en éteignant les lampes de ma chambre.


Lèves-toi japon , Pays du soleil levant !

 

Te voici encore endeuillé, pays du soleil levant

Toi qui compatis souvent aux malheurs des autres pays !

En   Haïti, tu étais présent pour secourir les sinistrés

Maintenant c’est toi qui pleures

la vie de tes chers fils !

 

 

 

Tu as été victime des facteurs qui échappent au contrôle humain

Frappé par un puissant séisme que nul n’a pu prédire avant

Et un fort tsunami dévastateur en pleine rage

Cependant, tu n’as pas perdu ton calme, ta sérénité et ton courage


Oh, matinée du 11 mars, matinée fatale pour plus de 6000 vies!

Des milliers des projets qui s’éteignent et d’espoir qui se noient

Tu arrachas au peuple innocent ce qu’il avait de plus cher !

La vie…, oui ! On paierait tout

pour la conserver en entier !


En Afrique on te rend encore hommage pour ton soutien, cher Japon !

Tu as toujours été un partenaire infatigable pour notre développement

Tu as fait de l’intégration de l’Afrique dans l’économie mondiale et

La réduction de la pauvreté l’une de tes priorités !


Quelle dure expérience est la tienne ? Oui, la vie est très fragile !

n’est jamais en sécurité entre nos quatre murs qui nous abritent

Non, rien de ce que nous bâtissons n’est durable ni éternel

Et notre vie  est comme une bougie au milieu du vent, comme l’affirme Un proverbe de ton pays !

 

En rédigeant ces mots je me demande encore si un de tes fils me lira !

Cependant je suis tout de même satisfait d’avoir  écrit ces lignes

Pour exprimer enfin ma douleur

devant le drame que tu traverse

Et dire mes espoirs pour un autre Japon,

plus vivant et plus beau !


Puisses demain souffler un vent bienfaisant sur toi, Nippon !

Un vent d’espoir et de prospérité pour ton peuple en larme

Et que ces mots te réconfortent encore dans ta lutte présente

Pour tous les sinistrés, pour tous ceux qui ont perdu les leurs

Que ces quelques mots et d’autres,

soient la baume sur vos plaies !


Lwesso Jean-Paul

« Les mots qu’on n’a pas prononcés sont les fleurs du silence »

(Proverbe Japonais)


Un malheureux marié qui a raté sa lune de miel !

 

 

 

 

 

 

 

Nos samedi sont toujours mouvementés ici au Burundi. Jour de travaux communautaires, toute la matinée, pour la propreté du pays ; jour du sport où les jeunes et adultes courent tout au long de nos routes en direction de la plage. L’après-midi est souvent réservé aux fêtes. Dot, mariage, baptême ou encore d’autres fêtes qui ne valent pas l’honneur d’être citées. Tout est vraiment en mouvement et tout le monde se presse pour ne pas être le dernier arrivant aux différents rendez-vous.

Ce samedi 19 mars 2011, on assiste à un mariage qui fait quand même réfléchir. L’homme est là, bien habillé, lui et son parrain en tenue d’officier de l’armée. Les invités aussi, tirés à quatre épingles, manifestent leur présence à toutes les festivités. De la famille de la jeune mariée en passant par l’église, jusqu’à la commune ces sont les belles chansons et tous les souhaits de bonheur qui affluent de partout.

Maintenant, c’est le temps de la balade vers les lieux les plus beaux pour des photos-souvenirs. Soudain, un pick-up de la police arrive. Une surprise ! Sans même que notre marié ait droit aux honneurs militaires, il est pris, menotté et emporté, lui et son parrain. Pourquoi ? C’est ce que tout le monde voulait savoir à cet instant d’imprévu. Plus tard, on apprend que l’homme était un sous-officier et a pris la tenue d’un officier. Il a raté sa lune de miel à la recherche des honneurs !