Jean-Paul Amuri Lwesso

Être handicapé au Burundi

Les cas de handicaps ne passent pas inaperçus au Burundi et surtout dans sa capitale Bujumbura. En arrivant à l’entrée principale du marché centrale de Bujumbura, on compte des mendiants handicapés par dizaines. Ce qui inquiète dans tout ceci est que tout ce monde ou la plupart se livrent à la mendicité. C’est ainsi que vous retrouverez une foule de mendiants dont certains sont aveugles ; à d’autres manquent un bras, un pied ou les deux. Certains même ont pour seule anomalie leur petite taille ! En me penchant sur cette question je trouve que quelque chose manque encore dans notre société sur la gestion des différentes malformations dont la plupart sont innées et certaines accidentelles, mais pouvant être surmontées. Et tant que cette question ne trouvera pas de solution, on assistera encore plus longtemps à une croissance de taux de mendiant dans nos rues, mais aussi la marginalisation de cette catégorie allant jusqu’à la tuerie et amputation des organes des albinos.

Il y a peu d’années au Burundi, un homme déformé suite à un accident de brûlure sur son cou passait son temps à mendier au centre ville de Bujumbura. Un jour la chance frappa à sa porte. Il trouva un étranger de bonne volonté qui lui assura que sa déformation était guérissable dans son pays. L’homme le promis de l’emmener en Europe pour qu’il y soit opéré et débarrassé de sa malformation. C’est fut la joie intense de ce malheureux et de quelques proches qui avaient à cœur la souffrance de cet homme. Cependant il y eut quelqu’un qui ne fut pas content : le grand frère de cet homme. Lui qui était censé accueillir avec joie cette nouvelle ! Il se fâcha et résista à cette résolution visant à restaurer l’état de son frère. L’homme avançant comme argument sa vie et celle de sa famille. Il vivait aussi de la mendicité de son frère au visage et cou ravagés par un grave accident ! Il fut contraint finalement de céder, mais avec peine et peut-être aussi avec larmes.

 

La vie ne nous dote pas de mêmes chances, cependant on peut gérer et dépasser nos contraintes naturelles. Je soutiens que la mendicité n’est pas une solution à envisager aux aveugles, sourds, muets ou aux gens de très petite taille dans notre société. Avec la complicité du gouvernement et tous les hommes et femmes de bonne volonté, on peut envisager d’autres voies de sortie. En exemple à ceci, pendant ce mois de mars 2011, un docteur Belge est parti consulter un jeune garçon qui souffre d’une imperforation anale (son anus est bouché) et a envisagé des traitement ici au Burundi ou à l’étranger. Qu’en penseriez-vous si les parents de ce jeune restaient à mendier avec lui pour l’achat des poches à crostamer destinées à évacuer ses excréments ? C’est la voie de la facilité mais pas durable. Dans notre société on n’est pas encore arrivé à chercher « le positif qui se cache dans le négatif ». Parvenir à « se donner la peine de faire le tour complet d’une situation ou d’une personne…pour éviter d’être prisonnier d’un point de vue unique ». Peut-être certains cas des handicapés qui ont réussis peuvent bien nous inspirer !

 

Qu’en pensez-vous chers lecteurs ? Donnez votre point de vue sur la gestion des handicaps pouvant être surmontés grâce au courage et bonne volonté.

 

 

 


Kadhafi : nouveau partisan de la non-violence !

             

               Les notions de base de la démocratie s’apprennent parfois en retard ou tout simplement s’appliquent à la dernière minute par nos dictateurs Africains du 21ème siècle.  Il y a quelques jours le ton du colonel Kadhafi était très dur et plein de rage contre son propre peuple, réclamant ce qui revient de leurs droits. C’est avec grand étonnement qu’on assiste à une réaction brusque de Tripoli face à la décision d’intervention militaire prise par la communauté internationale. Une décision appuyée aussi par la Ligue Arabe. En un laps de temps, Kadhafi décide un cessez-le-feu immédiat vis-à-vis des insurgés qui, il y a peu de jours, étaient qualifiés des rats et des souris qui se cachent derrière les armes. Les paroles du guide Libyens ne sont plus les mêmes, cependant son cœur difficile d’affirmer qu’il vient de changer.  

            Kadhafi est un homme qui sait vraiment jouer double jeu, faire passer tout à son avantage et atteindre ses objectifs en usant la ruse. Un ancien ennemi et terroriste devant les Etats-Unis qui est parvenu par devenir ami et collaborateur des Etats-Unis. A une période où il n’avait pas encore la confiance des Etats-Unis, Il les met en garde contre Oussama Ben Laden et son groupe terroriste, deux ans avant l’attaque terroriste du 11.Septembre.2001. Profitant de cette attaque, il envoie ses agents de service secret qui collabore avec FBI contre le terrorisme et gagne la confiance des Etats-Unis. Voyant l’invasion de l’Irak en 2003 par les États-Unis, le Royaume-Uni et une coalition d’autres pays , il promet d’arrêter son programme nucléaire. Et pendant qu’il négocie pour l’arrêt de son programme nucléaire, des matériels pour la fabrication de ces armes son interceptés en direction de la Libye. Kadhafi est resté le même. Homme de la ruse et champion du camouflage. Pendant qu’il promet un cessez-le-feu immédiat le vendredi, le samedi tous les médias annoncent : « Le cessez-le-feu proclamé vendredi par Kadhafi n’est pas respecté.» rien de nouveau dans tout ça pour ce maître de dissimulation.

 

            En Afrique les décisions de nos dictateurs sont prises parfois après des sacrifices de vies humaines. Du soulèvement populaire à la guerre, avant d’appliquer les principes très simples de la démocratie. En Tunisie Il fallait que Bouazizi, Le vendeur ambulant de Sidi Bouzid , s’immole et que les jeunes manifestent pour que Ben Ali décide la création d’emploi aux jeunes. Encore combien meurent en Côte d’Ivoire par manque de respect de la volonté du peuple ? Faut-il vraiment une intervention militaire internationale ou un soulèvement populaire pour penser aux droits les plus élémentaires de son peuple ? La résolution de problèmes de nos Etats ne devraient pas venir de la communauté Internationale voire même après des menaces des frappes aériennes imminentes. Nos chefs d’Etats doivent enfin nous prouver que l’intérêt du peuple est leur but et l’objet de leur combat. Cependant dans le cas contraire, le cessez-le-feu ou la création d’emploi après des tirs contre les civils, n’apaiseront plus le peuple lorsqu’il en aura marre! Un Kadhafi non-violent ne suffit plus pour le salut d’un régime sanguinaire.


La femme africaine sous le poids de la tradition

Les mots sont parfois faibles pour décrire certains méfaits commis dans notre société contre les femmes, celles qui nous portent neuf mois dans leurs ventres et nous font voir le jour. La société africaine semble confondre le rôle d’une femme à celui d’un domestique ou un simple objet de plaisir. Ajouté à tout cela les fausses croyances ainsi que certaines coutumes barbares, vraies barrières à l’épanouissement de la femme, elles n’ont pas de lieu où poser les pieds dans notre société. Quand je pense à ce que ma propre mère me raconte sur son arrêt précoce des études, tout simplement parce qu’elle était femme et que mon grand père ne voulait pas qu’elle soit trop éduquée, cela a de quoi me fendre le cœur ! De nos jours, il n’est pas rare de trouver une femme battue, violée ou accusée de sorcière, dans notre société. De même certaines coutumes chez nous soutiennent cela et disent : « Il faut toujours battre ta femme, même si tu ne sais pas pourquoi ; elle, sait pourquoi… »

Au cours de ce mois de février,au Burundi, une fillette  est morte d’une infection vaginale suite à un viol. Le violeur : son propre enseignant. Il l’a violé pour la première fois, à Noël de l’an passé, et la menace de mort si elle révèle à qui que ce soit. Ensuite, il la viole à deux autres reprises. Voyant la détérioration de sa santé, elle finit par tout dire à sa tante et dénonce le coupable. Hospitalisée, elle survit jusqu’au 17 Février de cette année et meurt suite à une infection vaginale. Sans pour autant généraliser ce crime commis contre les femmes, je trouve que la société africaine manque encore d’estime pour les femmes. Combien des fausses croyances inhumaines contre les femmes n’ont pas encore disparues jusqu’à ce jour ? Des hommes qui violent les enfants espérant guérir du sida, les autres violent des folles pensant devenir riches… Au 21ème siècle, ça fait honte en Afrique, à côté de la polygamie, des pratiques indignes sont infligées aux femmes !!!


Quand un Blanc débarque dans certains quartiers de Bujumbura…

Le Burundi, l’un des plus petits États d’Afrique, attire plus souvent des visiteurs par sa nature généreuse ou son patrimoine biologique; ou simplement la découverte de sa population et son modeste niveau de vie, comparé aux ressources de la plupart des étrangers. Sa population réputée d’être accueillante et sociable, constitue la première richesse du pays. Cependant, à côté de toutes ces qualités nobles, les curieux peuvent, de toutes les façons, gêner certains de nos visiteurs. Dans certains quartiers de Bujumbura, les étrangers, d’une couleur de peau différente de la notre (Blanche ou Jaune), ne passent pas inaperçus et attirent tant les enfants que certains autres badauds dans la société. Sans se faire agresser, nos visiteurs ont souvent, derrière eux, un attroupement dont certains ne cessent de les appeler « Muzungu Muzungu » qui veut dire « Blanc Blanc ». Cela a été perçu, par plus d’un, parmi ces visiteurs, comme du racisme ou une violation à leur liberté personnelle. Voilà une portion d’une chanson qui dénonce cette mauvaise attitude.

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En plus de jouer un rôle de divertissement, cette chanson est un appel à la conscience lancé par une brave femme Burundaise d’origine Française. En peu de mots, elle rappelle que l’homme ne peut se résumer seulement à la couleur de sa peau. L’artiste ( Claire Olivier Gatabazi) fait comprendre par sa chanson que le fait d’être Blanc n’implique pas d’avoir des richesses pour être confondu sans cesse à la Banque Mondiale. Signalons aussi qu’au Burundi, certains taximen et vendeurs n’hésitent pas à rehausser leurs prix quand ils ont devant eux un Muzungu (Blanc). Une attitude qui doit changer dans les esprits de ces gens qui confondent la couleur de la peau à l’argent. La chanson est un vrai message lancé aux gens qui mesurent l’homme par son apparence physique et non à la grandeur de son âme et de sa personne. Voici les mots qui m’ont captivé personnellement :

« …Quelle que soit notre couleur
……    Black and White forever….
……Partageons notre différence…
……Le monde cessera d’être fou ! »

(Cet extrait de chanson a été publié avec autorisation de son auteure, Claire Olivier Gatabazi)


Les Twa : minorité invisible au Burundi

Les Twa (Batwa) est une troisième ethnie souvent oubliée, de l’intérieur et de l’extérieur, du Burundi. Leur nom ne figure même pas dans certaines encyclopédies et pourtant c’est une « catégorie » faisant partie de l’histoire du Burundi. En parlant souvent du Burundi, on évoque seulement les deux grandes ethnies du pays : les Hutu et Tutsi, avec leur longue histoire des conflits meurtriers. Les Twa constituent une ethnie très minoritaire d’origine pygmoïde, représentant plus ou moins 1 % de la population Burundaise. Bien que le pays n’ait qu’une seule langue nationale, on y trouve trois grands groupes d’identification qu’on appelle depuis la colonisation, des ethnies. Donc, dans le sens strict du mot « ethnie » on aurait qu’une seule ethnie au Burundi. Le nombre des Twa s’élèverait à 78.071 dans tout le territoire national, cependant leur vie est menée à l’écart des autres. Longtemps marginalisés par d’autres ethnies, sous-estimés par les colonisateurs et les considérant comme des « nains », actuellement on peut à peine entendre leurs revendications ou voir certains de leurs dans certains postes du gouvernement.

Actuellement très peu d’ONGs défendent leurs causes. Cette minorité ne partage que peu d’activités sociales, politiques, et économiques avec les autres composantes ethniques de la société. Vivant dans un dénuement total, les Twa se livrent à des petits métiers artisanaux, tels que la forge des métaux ou la poterie, pour leur survie. Ils n’ont jamais possédé ni terre, ni bétails suite à une longue vie nomade, qui ne peut plus être possible aujourd’hui ; ils occupent des petits lopins de terre exigus. Du fait qu’ils fut longtemps victimes de la discrimination, être appelé Twa semble une injure. Personne ne souhaiterait être de leur, parce que peu instruits, pauvres, un peu sauvage ; on les retrouve loin des autres groupes. Ce groupe à part entière, même dans son pays, vit entièrement à part, en marge de la société, dans une situation déplorable !