Jean-Paul Amuri Lwesso

Le souvenir d’une belle mélodie

J’étais à l’Aéroport international de Ndjili, à Kinshasa, prêt à prendre mon avion pour regagner Bujumbura, la ville d’où je venais. Mon sac à la main, autour de moi quelques visages familiers qui m’inspiraient toujours confiance et sérénité. Le voyage avait bien débuté en moi-même. L’avion ne devait qu’achever un processus existant déjà dans mon esprit. J’avais à l’intérieur de mon petit carnet une longue liste des contacts que j’avais pu créer à l’issue de mon séjour de quatre semaines. Je sentais en moi un grand regret en pensant à tout ce que je laissais derrière moi ; des amis, des lieux et des choses qui m’étaient devenus de plus en plus familiers et faisaient partie de ce qui m’attachait à la ville de Kinshasa.

 

C’est alors que mes souvenirs se remuèrent pour faire raisonner une voix que j’avais pu écouter pendant plus d’une semaine durant mon séjour. C’était la voix d’une jeune fille qui s’asseyait souvent derrière notre délégation et parfois derrière moi. Sa voix m’avait beaucoup plu. Elle chantait très bien, et pour mieux l’écouter je me taisais un peu afin de savourer la finesse de ses mélodies. Après la conférence, je n’avais rien gardé de cette inconnue, pas même son nom. Ce qui me restait de sa présence c’était un vague souvenir et un grand regret. Le regret de n’avoir pas pu exprimer mon sentiment d’appréciation et aussi de n’avoir pas pu demander ses contacts pour pouvoir, peut-être un jour, écouter encore sa belle voix.

 

Aujourd’hui un an plus tard, je pense encore à combien de fois, j’ai manqué des bonnes occasions de dire un simple mot d’encouragement aux autres. Personnellement j’aime écouter des simples mots d’encouragement, car ils me permettent de faire encore mieux. En souvenir de cette inconnue de Kinshasa, j’ai pensé à écrire ce texte dont le but est de t’encourager toi qui me lis en ce moment, c’est grâce à toi que ce blog doit encore vivre. Et si je peux aussi te demander un petit service, je te dirai d’exprimer tes sentiments d’appréciation sur les qualités des gens se trouvant autour de toi. Remercies ceux qui te rendent même des petits services. Je suis convaincu que tu contribueras à les rendre plus meilleurs !


L’actualité et les médias: Cas du Burundi

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L’information à la Une devient de plus en plus séductrice dans le quotidien de la population ici au Burundi, plus particulièrement dans le domaine de la radiodiffusion. L’attention se focalise aux informations de la dernière minute, ce qui est à la Une, ainsi que le décryptage des informations. Une fois en visitant mes amis je fus étonné de trouver une dizaine de gens réunis autour d’un poste radio, pendant les heures d’information. En cherchant à savoir la raison de cet attroupement, on me fera savoir qu’ils voulaient tous écouter les propos d’un homme politique sur la situation politico-sécuritaire du pays. Chez nous même les passants s’arrêtent, ne fut-ce que deux minutes, pour être tenu au courant de l’actualité !

Les autres émissions sont écoutées et suivies après le moment de l’information, qui est la principale activité. Après l’Actu, les publicités suivent toujours, dans le but d’atteindre le maximum de gens. Compte tenu de la fragilité politique du pays, chacun veut éviter la désinformation causée par des rumeurs que certaines personnes malintentionnées se permettent de propager. C’est ainsi que vous trouverez des termes comme « Bihuha » (Rumeurs) ou « Radio Munwa » (Radio de la bouche) pour désigner le phénomène qui consiste à prendre la place de la radio en diffusant, souvent des mensonges, à son entourage.

En plus du rôle informatif, la radio sert encore comme source de formation et de divertissement dans notre milieu. Plusieurs personnes affirment avoir amélioré leurs connaissances linguistiques grâce aux émissions de différentes radios, en particulier la RFI et la BBC. Des notions de culture générale, de géographie et même de l’histoire attirent les auditeurs qui ont le souci d’apprendre grâce aux différents médias. A part ces quelques éléments, le divertissement aussi rend utile la radio. De la musique aux programmes d’humour, on passe d’une station à l’autre pour se trouver ce qui convient à son goût. Au point où nous en sommes aujourd’hui, dans notre région, même le choix de téléphone est influencé par l’option de radio sans oublier le wap, en vue de la connexion internet.


La famine en Somalie : Quel vaccin faut-il pour l’Afrique ?

C’est en suivant les informations à la mi-journée sur TV5 Monde, que je fus interpellé par ce qui se passe en Somalie. Ce pays est ravagé par une grave famine, causée par la sécheresse et la guerre menée par les milices d’Al Shebab qui n’ont pas permis, durant plusieurs années, aux organisations  humanitaires internationales de venir en aide à la population victime du désastre. Quel triste visage de cette partie de La Corne de l’Afrique ! Tous les critères, selon l’ONU, sont maintenant atteints et dépassés pour déclarer la famine dans cette zone.

Certaines questions naquirent en moi, face à cette situation malheureuse dans notre continent. Des milliers de vies en danger, chaque jour, six enfants sur dix mille  meurent quotidiennement, plusieurs déplacés qui doivent faire des longues marches à pied…La faim, la guerre et plusieurs maladies semblent devenir le quotidien de nos pays. Même la malaria, quasi inexistante ailleurs, fait encore des victimes dans nos Etats. Et même les régions au sous-sol très riches souffrent des misères et des plusieurs maladies, en Afrique. Il n’est plus étonnant de voir une guerre éclater parce qu’une nouvelle mine d’or est découverte quelque part, dans nos pays.

Je me dis qu’il faut, peut-être, un vaccin contre la faim et d’autres fléaux que nous traversons dans nos sociétés. En me penchant sur la situation de la Somalie et de l’Afrique en général, je me dis que le vrai problème est, pour la plupart des cas, le fait que l’homme n’est pas placé au centre de toutes nos actions. On fait des guerres pour les intérêts des nos tribus, nos religions, nos opinions…et on est prêt même à sacrifier tout le monde pour des fins personnels.  Plusieurs initiatives échouent, en Afrique, du fait que nos gouvernements sont pleins d’interdictions que d’encouragements aux nouvelles initiatives. Nous faisons face à des gouvernements proscripteurs que prescripteurs. Voilà selon moi le vrai problème de l’Afrique ; et la famine ou la guerre ne sont que des conséquences.


Quand la vie me met dos au mur

Ce matin n’est pas comme les autres pour moi. Les circonstances de la vie m’accablent avec violence; c’est comme si une forte tempête me souffle dessus, de tous côtés. Pendant quelques semaines je ne comprends plus rien sur les événements de ma vie. Mon compte bancaire est vide et tous ceux qui me doivent trouvent des bonnes raisons de ne pas me payer…Bref, poches vides et une dose suffisante de désespoir.

J’ai envie de pleurer, crier, gémir ou m’effondrer. C’est comme si quelqu’un se jouait à me voir gravir un mur de fer ou traverser un feu. Même l’internet qui semblait me tenir fidèle compagnie me  déçoit sans cesse. Des messages d’arnaqueurs par dizaines, au-moins un par jour. Lisez celui-ci, si vous voulez bien.

Dear friend,

I am (Dr.Eice.Zongo) the head of file department of Bank of Africa (B.O.A) here in Burkina Faso /         Ouagadougou. In my department we discover an abandoned sum of (US$18mllion US Dollars) in an  account that belongs to one of our foreign customer who died along with his family in plane  crash…..”  Pour vous épargner les inutiles, ils me promettent des grandes sommes inimaginables. Ce qui montre sans aucun doute que c’est de l’arnaque !

Je rentre, ce matin, tôt d’une veillée de prière où je pensai avoir prié suffisamment pour tenir Satan hors de ma portée. En arrivant seulement à la maison, le premier message : « ton petit poulailler a encore été victime du vol. » c’est comme si le voleur ne voyait que moi à Bujumbura. De même mes pigeons que j’admirai tous les soirs, furent volés en une seule nuit. Je me donne un petit moment de calme. Je Pense et repense à tous les événements heureux et malheureux qui m’arrivent dans cette ville. Je pense surtout aux paroles de mon ami, que je réfutais avec force, « la vie est injuste », disait-il.

Je dois m’accrocher, me dis-je. Je sors de la pièce en serrant très fort mon point. Je cherche comment oublier ce que je venais d’entendre. Il faut que j’aille me faire raser pour oublier ces tristes nouvelles. Me voici déjà apaisé sur la chaise de mon coiffeur que l’imprévisible se produit. Une coupure de courant ! Aucune solution n’avait été prévue, pas de groupe électrogène. Encore une nouvelle déception ; je sens la tristesse, le chagrin, la colère…j’ai le dos au mur, comme un fusillé. Je suis acculé. Je rentre à la maison en cachant ma petite tête. J’arrive chez moi plein de rage pour me jeter sur mes vieux papiers et produire un nouveau billet. J’écris un texte amer, mais je pense tout de même que la vie n’est pas injuste; elle renferme seulement quelques pages tristes que je n’aime pas lire, car elles sont d’un autre goût que celui que j’aime.


Bujumbura et ses scènes cocasses

Bujumbura, capitale du Burundi, ne manque jamais mille et une scènes, quotidiennes, pour divertir, amuser et égayer ceux qui y vivent et surtout les étrangers. Dans cette ville où la pauvreté et le chômage sont flagrants, il y a tout de même de quoi ne pas se brûler vif, comme Bouazizi, ce vendeur ambulant de Sidi Bouzid en Tunisie. Ma première année dans cette capitale, ce qui m’étonnait souvent, c’était le fait que, s’il y a des tirs des armes à feu pendant la nuit, le matin chacun s’en allait à ses occupations. Mes voisins ne se posaient pas tas des questions; et la vie reprenait, comme si de rien n’était. Après quelque temps je m’étais aussi habitué à ce rythme. Mon étonnement se portait aussi sur la souplesse des taxi-vélo, qui s’accrochent sur des camions et se laissent tirer par ces derniers, même à des dizaines de kilomètres. On trouve également des églises qui naissent comme des champignons, des innombrables cabarets…et tout cela fait le charme et la particularité de Bujumbura!

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Ce vendredi, en rentrant dans mon quartier, je fus encore impressionné par un attroupement autour des tambourinaires. Une dizaine des jeunes gens, pleins d’humour, réunis autour de leurs tambours. Une foule des spectateurs, vivant principalement dans la même commune, s’était réuni autour d’eux et les adulait. Enfants, vieillards, femmes, hommes, tous étaient représentaient. Tout le monde était ravi et oubliait, par moment, ses soucis quotidiens. Je fus surtout marqué en voyant un fou devenu aimable et souriant devant ces scènes qui font le charme du Burundi. Tour à tour les jeunes tambourinaires quittaient leurs rangs et se présentaient devant la foule. Avec leur bâton, ils dansaient au rythme de son des tambours de leurs amis. Les mêmes événements ne manquent pas, tous les jours, dans différentes communes de Bujumbura. C’est ainsi que jour après jour, mois après mois, la vie se conjugue et ses peines se font sentir moins, à Bujumbura.