La culture de la violence même en prison !

17 décembre 2010

La culture de la violence même en prison !

Dès l’enfance j’ai vu mon père recourir au fouet pour m’administrer une leçon. Une bonne correction me dira t-il. J’ai aussi l’impression que lui aussi on ne l’a pas privé de ce fouet chéri que l’on conserve même comme faisant partie du patrimoine familial. Et même ma mère me dit-elle : « mon fils, ne te laisse pas faire. Si un de tes amis te frappe, frappe-le aussi. » Cela est gravé en moi, je me promène ayant, en esprit, mon fouet prêt pour répliquer à celui qui m’attaque. Ainsi toute la société s’habitue petit à petit à la violence. A l’école aussi le maître se fait respecter par son petit fouet faisant peur aux enfants. Cependant cela a fait beaucoup de dégâts que des biens. J’ai vu des enfants frappés jusqu’au sang et un qui s’est évanoui par ce cher fouet incarnant cette culture de violence à l’école. Un maître aussi s’est fait frapper par le directeur, car ce dernier a cru avoir devant lui un chef des bandes des dérangeurs. Le fouet, ou disons la violence, fait rage dans notre société ; une maîtresse s’est aussi fait frapper par son élève, et d’autres cas de violence restent entre quatre murs ou entre l’homme et sa femme.

En ce mois de Décembre, la nouvelle nous vient de la prison de Rumonge, une ville au sud-est du Burundi à 72 Km de la Capitale Bujumbura. Dans la prison de cette ville la violence se perpétue. Les prisonniers frappent leurs compagnons de souffrance surtout des nouveaux-venus. En entrant en prison, les anciens vous font payer une somme d’argent disant que c’est pour l’achat des bougies. Cependant au cas où vous ne payez pas cette somme, allant de 5.000 à 50.000 Fbu, la nuit sera plus longue pour vous ; ils vont vous rosser des coups toute la nuit à l’insu des policiers en charge de garder les prisonniers. Il est aussi à noter que certains de ces prisonniers passent de la prison à l’hôpital. Dieu seul sait combien meurent ou mourront des coups reçus de leurs compagnons.

La violence ne corrige pas. Au contraire elle contribue à notre propre malheur et nous plonge d’avantage dans la misère. Les guerres incessantes sont une démonstration de cette culture. Son origine pourra être lointaine, dans notre nature ou héritée de nos anciens colons Belges ou je ne sais qui. Cependant ses effets sont dévastateurs. Comment pouvons-nous lutter contre la guerre sans partir plus loin où se forment nos caractères? En famille, à l’école voire même dans les églises : les pasteurs qui se battent, l’église fermée et scellée par le parquet pour cause de bagarre. Que dire? N’attendons pas une société non-violente sans changer cette culture dès son noyau. Et quand l’enfant dès le bas âge ne peut s’identifier qu’à Rambo, Schwarzenegger ou à Jet Li, ne finira t-il pas par prendre les armes étant adulte ? Je donnerai raison à Gandhi ou Martin Luther King qui ont crié haut et fort « assez à la violence. »

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