Jean-Paul Amuri Lwesso

La vie et la fin tragique de Sœur Sourire : des leçons à tirer pour aujourd’hui

Musique/ Guitare

Voici une histoire qui commence en 1959, lorsqu’une jeune femme rejoint un couvent des sœurs à l’âge de 26 ans. Elle devient nonne et chante en même temps. Très vite, elle connait un succès sans précédent dans la musique et devient une star du moment. Sa chanson « Dominique » se classe numéro 1 des ventes de disques aux États-Unis pendant tout le mois de décembre 1963. Partout on parle d’elle et le succès est au rendez-vous. Cependant, elle ne jouit pas totalement de ses droits, car c’est au couvent des sœurs auquel elle appartient que revient tout le gain.

Frustrée, elle quitte le couvent en 1963, pour pouvoir chanter et bénéficier de tous ses droits. Hélas, les choses ne marchent pas comme prévu et le succès n’est plus au rendez-vous, car elle n’est plus la nonne qui chante. On lui a exigé de prendre un autre nom. Ce n’est plus la sœur « Sourire », et le monde de la musique connaît une compétition sans merci. Rien ne marche pour elle. Elle accumule des dettes, se sent au bout d’elle-même et finit par se donner la mort le 29 mars 1985, ensemble avec une autre femme, sa compagne. C’est la fin tragique d’une légende de l’époque. Ainsi meurt la sœur Sourire !

Des leçons à tirer dans cette histoire tragique peuvent être nombreuses. De mon côté, j’en ai retenu quelques unes : dans cette vie, on peut quitter le sommet le plus haut pour se retrouver au plus bas, en une fraction de secondes. Prenons donc de bonnes décisions et entourons-nous de bons conseillers. Rien de ce que l’on gagne n’est garanti, aucun succès n’est éternel, soyons sages dans nos relations avec les autres.

Avant de quitter un groupe ou une communauté, assurons-nous bien que notre succès ne dépende pas d’eux, en premier. Le succès peut directement dépendre de nous-mêmes (talents), de notre milieu (quartier, ville, pays…) ou de notre communauté (groupe, orchestre, église…).

Enfin, soyons bons les uns envers les autres et envers nous-mêmes. Dans cette vie, personne n’est à l’abri du danger. Les mauvais jours ou même une dépression peuvent arriver à tout le monde. Tendons les bras aux autres, sans jugement ni préjugés. Chaque personne que vous rencontrez, sachez qu’elle a des batailles qu’elle mène en secret, loin de tout regard ! Aidons-nous vivants.

RIP Sœur Sourire ! Ce monde a besoin d’un sourire de temps en temps. Je te souris toi qui me lis ! Offre aussi le sourire aux autres, en mémoire de cette sœur qui a tant donné dans un monde d’ingratitude.


Mon histoire sur la force du lien du sang

Mon histoire se déroule entre 1997-1998. Je vivais à Uvira, une petite ville située dans l’est de la République Démocratique du Congo, longée à l’est par le Lac Tanganyika et à l’Ouest par une chaîne des montagnes, la chaîne des Mitumba. La ville venait d’être libérée par l’armée de Mzee Laurent Désiré Kabila. A ce moment-là,  ça sentait la peur partout. Pour la première fois, on entendait régulièrement les crépitements des balles, on voyait des morts par dizaines sur les routes, certaines familles entières décimées. Bref, une vraie définition de ce que c’est l’horreur !

Laurent-Désiré Kabila (qu’on appelait affectueusement « Mzee », par respect pour sa personne), notre libérateur, était apprécié par la majorité de la population à cette époque. Cependant, il y avait aussi une certaine méfiance, car il avait fait entrer des troupes armées étrangères : des Rwandais, des Ougandais et des Burundais… En plus de cela, les Nilotiques du Congo, les Banyamulenges, étaient majoritaires dans cette armée qui avait participé à la libération d’Uvira. On ne pouvait rien faire. Juste vivre avec ! Il y eut alors une période des règlements de compte, d’enlèvement des certaines personnes ou l’extorsion de leurs biens (maisons, voitures…). Ces hommes en armes étaient alors craints car ils s’imposaient par la force.

Etant jeune, âgé de 13 ans, je ne manquais pas de trucs à faire avec des amis pour nous amuser. On passait d’un jeu à un autre, voire même au vagabondage pour « tuer » notre temps. Et comme Uvira compte plusieurs rivières, on pouvait soit aller nous baigner, ou juste faire de la pêche comme à la ligne. C’était notre passe-temps. En plus de cela, j’aimais les oiseaux, non pour les garder mais pour les manger. J’allais souvent chasser des oiseaux avec ma lance-pierre. J’allais donc à la montagne, avec quelques amis, ou certains endroits un peu isolés pour chercher ces oiseaux. Et cela m’amusait beaucoup. Je pouvais tuer deux ou trois oiseaux par jour ou rentrer les mains vides.

Un jour, je suis parti avec mon grand frère et un autre ami pour chasser les oiseaux. Cependant, le lieu était à côté de plusieurs maisons et de l’autre côté, il y avait un camp militaire et une prison. Et c’est là qu’on devait chasser des oiseaux. Pendant quand on jetait des pierres ici et là, une pierre est allée atterrir sur la toiture d’une maison d’habitation. Il s’agissait d’une maison appartenant à un une famille de Banyamulenge (nilotiques du Congo), et comme je l’ai dit tantôt, ils étaient craints car plusieurs des leurs étaient dans l’armée. On était donc dans des salles draps ! Bientôt, on avait un homme très élancé à nos trousses. C’était le sauve qui peut !

On n’avait aucune chance, chacun de ses pas était comme trois de nos pas. Il courait très vite, car je suppose de là où il venait, dans les hauts plateaux, il avait une grande expérience de la marche en hauteur et savait courir vite. En peu de temps il avait attrapé mon grand-frère. Mon autre ami et moi avions eu la chance de ne pas être sa première cible. On regardait alors de loin et on pouvait soit continuer à courir ou revenir.  Qu’allait-il faire de ce jeune qu’il avait attrapé avec une lance pierre ? L’emmener à la prison, le taper lui-même ou quoi d’autre ? Personne ne pouvait le savoir. A cette époque sombre à Uvira, on pouvait mourir pour rien. Il n’y avait aucune justice. C’était la loi du plus fort.

Sans beaucoup réfléchir, je me décidai d’aller vers mon frère. J’étais prêt pour tout ce qui pouvait arriver. Mon frère c’est mon sang et la peur ne pouvait aucunement briser ce lien de sang. Si c’était la prison, j’étais déterminé à y aller avec lui. L’autre ami, avec qui on faisait la chasse, avait fui très loin, sans même se retourner pour faire quoi que ce soit. Nous étions donc seuls, deux frères pour être fouettés ensembles ou emprisonnés ensembles. On était unis par un lien plus fort que la peur ne pouvait même pas briser. L’homme nous tenait à sa merci. Et la direction était cette prison à côté de l’endroit de notre chasse. C’est ça la vie, avec son lot d’injustices que chacun doit subir un jour ou l’autre.

Soudain quelques braves femmes se mirent à suivre cet homme élancé et à parler en notre faveur. La discussion fut engagée. Les femmes africaines sont fortes pour négocier en faveur des causes qu’elles portent au cœur. L’homme prétendait que la pierre avait percé son toit. C’était simplement un mensonge, juste pour montrer que nous étions vraiment fautifs et méritions une punition sévère. Mais ces dames, courageuses, furent insistantes et persévérantes. Et bientôt, c’est elles qui gagnèrent la partie. L’homme accepta de nous libérer sans condition. Et nous fumes libres. Nous avions échappé de justesse au pire !

A notre arrivée à  la maison, nous avons décidé de ne rien raconter. Cette histoire ne fut jamais racontée à qui que ce soit  parmi les membres de notre famille, par crainte de nous exposer à d’autres ennuis. Cependant, la leçon que j’en ai tirée vaut de l’or. Un proverbe camerounais dit : « L’homme n’est fort qu’avec son frère ». On peut soit choisir d’être fort ou faible en associant son frère ou sa sœur dans une cause. Oui, c’est la leçon que j’ai retiré. Ensemble nous pouvons abattre chaque Goliath, aplanir chaque montagne ou combler chaque vallée. Trouvez quelqu’un qui serait prêt à lutter à vos côtés ou mourir avec vous et faites chemins ensembles. Vous irez loin.


L’Agriculture familiale : Une machine silencieuse de développement

 

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Né dans une famille où mes grands-parents pratiquaient l’agriculture, bien que modeste, je trouve que cette forme d’activité mérite plus d’attention aujourd’hui qu’hier. Véritable outil capable de souder tous les membres d’une famille, l’agriculture familiale participe d’une manière silencieuse à la survie et le développement de notre société, surtout pour les pays à faible revenu. Cette forme d’agriculture, bien que moins scientifique, elle permet de nourrir plusieurs ménages et contribue à lutter contre la faim et la pénurie alimentaire. Elle ranime le lien social entre les membres d’une même famille et participe à la protection de l’environnement, du fait que des fumiers organiques sont utilisés à place des fumiers chimiques.

 

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En plus des fonctions que cette activité joue sur l’économie de la famille, l’agriculture familiale permet aussi aux jeunes d’apprendre tôt les travaux des champs et peuvent s’exercer dès le jeune âge. Dans cette société où tout travail manuel s’apprend notamment en payant de l’argent, dans la famille qui pratique l’agriculture on peut apprendre et jouir des avantages de cette activité sans payer de l’argent. Ayant moi-même suivi à plusieurs occasions ma grand-mère au champ, j’ai bénéficié dès le jeune âge d’une expérience inoubliable. Ainsi grâce à l’agriculture familiale les jeunes peuvent aussi gagner des leçons morales, notamment savoir que le travail n’est pas seulement fait pour avoir un salaire, mais aussi pour des avantages sociaux, culturels et écologiques.

 
Le regard que portent les gens sur l’agriculture familiale doit évoluer pour lui donner encore plus de place. Cette activité qui reste souvent négligée peut apporter beaucoup à toute la société et contribué au développement réel. Pour certains jeunes, surtout ceux vivant en ville, être agriculteur est considéré comme une humiliation car ce travail est beaucoup minimisé dans cette société moderne. Cette société a besoin donc des modèles que des beaux discours. Les jeunes ont besoin de voir d’autres jeunes, intellectuels s’investir dans l’agriculture, en mettant leur force, leur temps et leur intelligence dans l’agriculture. Voici en quoi mon blog tire sa raison d’être. Changer, s’il le faut, la conception des autres jeunes et adultes sur l’agriculture familiale.

 

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Je crois, du fond de mon cœur, que l’agriculture familiale peut changer notre société s’il y avait un bon encadrement et suivis dans les exploitations. Je crois que l’Etat et toute la société soit soutenir les agriculteurs et motiver les jeunes à cette activité, car elle contribue au bien-être de toute la société. Cependant, ce soutien doit être concret, comme donner des petits fonds aux agriculteurs ou distribuer des semences améliorées à ces derniers. L’agriculture familiale est plus que ce que l’on croit, elle renforce les liens sociaux, protège l’environnement, lutte contre la famine et permet le développement des ménages et de toute la nation.


Ma force intérieure face à la maladie

J’avais mal partout. Tout mon corps n’était plus que douleur. La fièvre, le manque d’appétit, la faiblesse…tout ce que ressent celui qui est malade. Il me semblait que petit à petit mon corps perdait toutes ses capacités. Cependant, dans mon for intérieur j’avais toujours envie de vivre, vivre bien. M’accrocher à la vie pour me rendre utile à ceux qui me sont chers.

Plusieurs pensées me traversaient l’esprit. Comment peut-on quitter cette vie étant encore jeune ? Et mes rêves seraient-ils tous emportés par le vent ? Non, je ne dois pas mourir jeune me dis-je. Le monde a encore besoin de moi. Et ce continent noir ira mieux que si j’apporte aussi ma contribution pour son évolution. J’ai toujours eu l’idée de me rendre utile pour ma famille, ma nation et toute l’humanité. Je sui sûr que quelqu’un a besoin de moi quelque part.

Je mis alors tous les moyens nécessaires pour combattre le mal qui me rongeait. De dizaine de médicaments que je devais avaler chaque semaine, sans oublier des piqûres des seringues. Oui, il fallait tout supporter. Pour chaque traitement je m’accrochais à une pensée solide qui me permettait de supporter le dégoût causé par les médicaments et les piqûres de seringues. A certaines occasions je me disais « Moi aussi je peux servir dans une armée ; donc, je dois endurer la souffrance sans crier. » C’est ainsi que je voyais chaque jour passer, car réellement « Le sort de l’homme sur la terre est celui d’un soldat. » Job 7.

 

 


Malcolm x : Le Brillant Prince Noir

Malcolm x est l’un des leaders afro-américains, mort assassiné à l’âge de 40 ans. Il est l’homme qui a osé, par tous les moyens, libérer l’homme noir de ses chaines dont le sentiment d’infériorité face aux blancs. Bien que, certaines de ses positions peuvent parfois entrainer au suprémacisme noir ou à la violence, on peut tout de même retenir ce qui fut bon et positif dans ce grand orateur et militant des droits de l’homme. Malcolm fut un fervent défenseur des droits civiques qu’il affirme défendre « par tous les moyens nécessaires ». Pour arriver à tirer la meilleure partie de son message, faudra t-il, peut-être, avoir en vue ce que lui-même affirme dans son autobiographie : « Après ma mort, ils feront de moi un raciste, quelqu’un de colérique qui inspire la peur…Je ne suis pas raciste. Je ne crois en aucune forme de ségrégation. Le concept du racisme m’est étranger.»

Né le 19 mai 1925 dans une famille noire à Ohama (Nebraska) un État du centre des États-Unis , Malcolm connait une enfance marquée par les violences du Ku Klux Klan, organisation qui prône la suprématie de la race blanche sur les autres races. Encore très jeune, Malcolm perd son père dans des circonstances suspectes, ce qui l’entraine dans une perte de repères morales. Le jeune Malcolm se livre à la drogue et la criminalité, actes qui lui coutent une condamnation de 8 à 10 ans de réclusion pour vol et effraction. Elle passa six ans de sa vie en prison, qu’il a sut mettre en profit pour apprendre beaucoup de choses et devint un passionné de la lecture. Plus tard, il affirme dans ces discours, « avoir un passé de criminel n’est pas honteux ; ce qui est honteux c’est de rester un criminel. Je suis un ancien criminel. J’ai été en prison, je n’en ai pas honte. Quiconque utilise ça contre moi ne se sert pas du bon bâton. Ce bâton là ne me fait pas mal. »

A sa sortie de prison en 1952, Malcolm déjà converti à la Nation de l’Islam d’Elijah Muhammad. L’homme commence ses prêches et utilise souvent des fables et paraboles. Il fut un partisan des positions plus agressives pour amener les noirs à se battre pour leur liberté et le respect de leurs droits. Il se résume lui-même comme étant fait de tout ce qu’il fait. Sa prise de position est qu’il faut des mesures extrêmes pour faire bouger les choses. Pour lui, changer la situation qui règne dans ce monde et qui opprime la majorité de la population n’est pas quelque chose qui se donne. On ne peut l’attendre passivement mais en se battant pour le changement désiré. « Le temps des martyrs est maintenant venu, et si je suis l’un d’eux, ce sera pour la cause de la fraternité. C’est la seule chose capable de sauver ce pays. » Malcolm x, 19 Février 1965.

Par ses pensées et ses actes, Malcolm prouve que c’est en croyant qu’on est spéciale qu’on peut faire des choses spéciales. Aujourd’hui plus que jamais chacun a besoin d’être réconcilié avec lui-même et avec les autres. Noir ou blanc, chacun est unique et mérite le respect en tant qu’être humain. Rien ne sert de se mépriser soi-même ou de mépriser les autres. « Qui vous a appris à haïr votre couleur de peau ?…Qui vous a appris à vous haïr de la tête aux pieds ?…Qui vous a appris à haïr les vôtres ? Qui vous a appris à haïr votre propre race au point que vous vous évitez entre vous ?…Demandez-vous qui vous a enseigné à vous haïr tels que Dieu vous a faits ? » Malcolm x. l’homme fut assassiné le 21 Février 1965 par un commando de Nation of Islam, groupe qu’il avait quitté en 1964. Il a su mener son combat jusqu’à la mort, et son message nous apprend encore, aujourd’hui, à croire en nous-mêmes.