Naomi de Yaoundé sur le chemin de son destin
Elle est corpulente, Cheveux en cascade sous une peau noire. Elle mâchonne sans relâche, boit ce qu’on lui offre et danse avec qui en a envie.Un sourire flatteur aux lèvres, un grand courage pour approcher les gens. Elle se présente courageusement devant les hommes, ses proies. On dirait qu’elle fait la chasse ! Pour vivre ou tout simplement satisfaire le désir de ses clients. Peut-être elle veut faire de cela un travail où elle fera carrière ou encore cela est un destin qui s’acharne sur elle et sans qu’elle puisse l’échapper.
D’une façon inattendue, la voici devant moi. Des grandes mains se posent sur mon épaule, comme des branches d’arbre qui s’abattent sur une voiture. Ses lèvres épaisses s’ouvrent pour me répéter les seuls mots qu’elle sait toujours dire. C’est elle qui fait les premiers pas. Elle passe et repasse. Espérant pouvoir trouver un client . De mon côté les mots manquent. Je cherche, pense et songe. Je finis tout de même à lui demander son nom. Un nom qu’elle prononce sans hésitation, laissant voir sa langue rose et toute l’épaisseur de ses lèvres. Elle s’appelle Naomi. Probablement un faux nom, mais cela importe peu dans ce milieu nocturne où Chacun porte un masque. On n’est pas forcément la même personne le lendemain.
Je retiens son nom en essayant de penser à la personne qu’elle cache. Une fille avec une histoire. originale et propre à elle-seule. Je pense à son double ou sa vraie personne. Celle qu’elle cache derrière cette douceur d’empreint. On peut avec raison se demander quel est souvent l’état de son âme tous les soirs dans le noir. Est-elle fière de ce qu’elle est, de ce qu’elle est dans la société: une prostituée. Je suis désolé de n’avoir pas été un client dont elle avait besoin. J’ai peut-être aussi été rattrapé par mon destin. Je vis selon des principes contraires aux siens. A la fin de la soirée, je rentre tard à mon hôtel, mais pense encore à son grand corps avec cette allure d’épervier. Destin ou choix personnel…, là est encore ma question. Et j’avoue être loin de la réponse. Cependant, je reste encore convaincu que chacun est en grande partie responsable de ses choix et de la vie qu’elle mène. Je dois donc choisir d’être maître de mon destin, me dis-je en éteignant les lampes de ma chambre.
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