Fabien dans les rangs de l’armée en RDC
A l’occasion de la journée Internationale des enfants soldats, le 12 Février. Ma pensée s’est tournée vers tous les enfants soldats en RDC. Obligés d’oublier leur enfance pour se comporter en adultes, le fusil étant devenu leur seul objet du jeu ! Ils chantent la guerre qu’ils ne connaissent même pas et combattent pour des causes dont ils ignorent. Oui, au nom de cette « guerre qui déciment la jeunesse et fait parler les vieillards », la plupart y laissent leurs vies.
C’était un beau jour, un soir quand le soleil se couche derrière les montagnes d’Uvira(RDC). Quand les femmes reviennent de leurs champs, les hommes de leurs petits métiers et se pressent de rejoindre les leurs dans cette fraicheur vespérale. Chacun est déjà devant sa porte, pour rassurer à sa famille qu’il n’a pas été victime d’un autre mauvais coup des armées venues soi-disant libérer notre pays. C’est au rythme de la peur et de l’espoir que la vie se conjugue à cette période, après la chute du régime de Mobutu et la prise du pouvoir de Kabila père à l’Est de la RDC. Uvira, première ville occupée par Kabila et ses troupes, vit entre l’espoir du changement ou vengeance du vieux dictateur Mobutu. Ce jour-là, les jeunes du quartier étaient presque tous rentrés, sauf un. C’était mon oncle Fabien. Lui seul était absent.
Fabien est parti rejoindre l’armée, nous disent les autres jeunes. En effet, Fabien avait été séduit par l’armée et son apparence. Les chants belliqueuses, les cortèges, le respect qu’elle impose aux civiles et surtout un salaire, impressionnant à l’époque, 100 $ par mois. Fabien est parti à la formation militaire sans nous dire au revoir, nous sa seule famille. Une réflexion hâtive d’un cerveau de jeunesse, car il n’avait que moins de 18 ans. Peut-être il a confondu les films Hollywoodiens d’une vraie guerre. Il fera une formation de moins de six mois pour enfin retrouver d’autres militaires au front. Combattre sans savoir pourquoi et pour qui on combat. Pendant cette horrible période d’une guerre sans merci, en RDC, qui a causée la mort de plus de 6 millions, selon le journal américain, New York Times.
Mon oncle n’est jamais revenu de cette aventure qu’il avait décidé d’embrasser un jour. Mort peut-être et oublié dans une forêt de Kisangani ou ailleurs. Nombreux de mes collègues furent aussi attirés par ce maudit 100 $ de salaire militaire qui n’a duré que quelques mois. Après ce fut alors la vraie réalité, le vrai visage de l’armée congolaise : le champ de bataille, le manque de salaire, la trahison des uns pour les intérêts des seigneurs de guerres,… Fabien est parti à la guerre, quelqu’un nous le dira. Embarqué dans un camion militaire en chantant « Kabila alobi Bitumba ekomi Kisangani… » (Kabila dit la guerre avance déjà à Kisangani). Parmi les jeunes qui sont partis dans cette bataille peu y sont revenu ! Des milliers de jeunes comme Fabien remplissent l’armée et les milices en RDC, même en ces jours ! Certains pris de force et d’autres, obligés par les circonstances ou l’insécurité de leurs milieux, c’est vers eux que ma pensée se tourne.
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